Mon frère est mort hier soir. Il peut faire froid sur la route de Brive, jamais les températures ne seront aussi glaciales que celles de nos larmes.
Mon frère est mort hier soir. Il peut pleuvoir sur la route de Brive, jamais les gouttes ne seront aussi nombreuses que nos larmes.
Mon frère est mort hier soir. Elle peut souffler "l’auta" [1] sur la route de Brive, jamais plus son souffle ne réchauffera nos corps refroidis par son départ sans retour.
Mon frère est mort hier soir. Le jour se lève au-dessus du Ségala et le soleil sort au milieu de draps sanglants de lumière.
Mon frère est mort hier soir. Les deux tours de Saint-Laurent pointent comme deux doigts timides, noires sur la brume de ce matin d’hiver.
Mon frère est mort hier soir. Le ciel de Saint-Michel est triste et laisse tomber depuis des larmes de pluie sur le causse aride qui l’a vu grandir.
Nous ne l’entendrons plus jamais rire et raconter des histoires. Nous ne le verrons plus jamais bricoler ou conduire ses camions. Nous ne pourrons plus jamais ni l’embrasser ni le toucher.
Mon frère n’est plus là et il ne sera plus jamais là.