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Lorand

Site personnel de Roland Bouat. Pour les curieux : Lorand est un anagramme de Roland.

La cinquième pile

Nouvelle ludotique

Mots clés : écrivain

dimanche 31 mars 1996 , par Roland (généanaute)


Depuis des jours, il cherchait . Où allait-il aller ? Il ne voyait plus d’issue .

Après avoir encore une fois fait le tour de son oeuvre, il en entreprit une étude plus systématique, plus structurée . Il partit de chacune des trente-six bases fondatrices . Il se choisit une direction de base que nous appellerions Dron . Il partit ainsi à gauche, puis aussitôt à droite vers Tse, à gauche vers Tseuo, et enfin derrière vers Dus. Il termina par les quatre directions intermédiaires : Dustseuo, Dustse, Drontse et Drontseuo . Il fit ainsi un parcours immense et atterrit soudain sur une ouverture encore possible, sur une des bases extrêmes . Il était tout désemparé . Ébahi, abasourdi, il se demanda un moment comment son esprit si cartésien pouvait avoir oublié cette possibilité d’expansion . Il se remit à l’oeuvre et construisit son soixante-treizième pont articulé . Pourvu qu’il puisse poser la cinquième pile !

Son système de construction, en effet, était, bien que particulier, très bien défini . Il devait obligatoirement utiliser des ponts à cinq arches, mais ces ponts ne comportaient qu’une seule pile . Il pouvait heureusement la placer selon ses désirs . C’est ainsi qu’il avait essayé la pile à une des deux extrémités de la série d’arches ou au centre ou encore à une des positions intermédiaires. Cela lui demandait évidemment beaucoup de travail, mais c’était le sien .

Il avait eu peur tout au début, quand il s’était retrouvé seul au milieu d’une pile ! Heureusement une autre était visible devant lui et une troisième à sa droite . Un paquet de panneaux articulés le gênaient et il fallait qu’il fasse quelque chose . Il construisit donc son premier passage vers une autre pile et tenta de continuer droit devant lui . Il découvrit ainsi qu’il disposait de quatre arches et que la dernière était munie d’une pile . Il prit le risque de la lancer dans le vide après l’avoir adapté au dernier panneau qui lui restait . La pile se déplia correctement . Il venait de construire un premier pont . Ce devait être ça le but de sa nouvelle activité

Heureux sans trop savoir pourquoi, il alla vérifier si cette cinquième pile était aussi solide que les quatre autres . C’est alors qu’il découvrit un nouveau assemblage articulé : un nouveau pont sans nul doute . Il ne chercha pas comment il était arrivé là . Voyant une nouvelle pile malheureusement très éloignée, il commença son nouveau pont en installant la pile à la première arche . Il réussit sa tentative et se retrouva alors sur un long pont de huit arches .

Un nouveau pont était à sa disposition . Il lança la première arche en continuant droit devant lui . Elle tomba sur une pile . Mais . . . aucune autre n’était visible . Il découvrit alors que la première arche donnait la direction du pont et qu’on ne pouvait pas construire un pont avec un angle . Un pont, c’était quatre arches alignées et posées sur cinq piles . Rigidité oblige sans nul doute . Pour continuer le pont entamé, il fit une tentative , qui réussit en incorporant la pile à l’arche à poser . Mais il n’y avait toujours pas de pile en vue pour la suite des arches et il n’en avait pas en réserve . Il parcourut toute son oeuvre (dix arches) sans trouver de nouveaux ponts articulés .

Il décida donc de récupérer celui incomplètement posé et de tenter sa chance avec des piles non encore utilisées . Revenant sur ses pas, il partit sur la droite et réussit à poser son pont articulé . Il en découvrit un autre prêt à l’emploi . Cette découverte qui devenait systématique le rassura et le stigmatisa . Il transporta son pont sur sa première construction et tenta de récupérer le premier pont posé . Impossible . La pile amovible ne l’était plus . Elle était aussi solide que les autres et ne s’en distinguait d’ailleurs nullement . Dans quelle aventure était-il tombé ?

Après de nombreuses tentatives, de nouveaux ponts articulés toujours identiques, des échecs épuisants, il avait réussi à constituer un treillis pas toujours régulier mais tout de même assez uniforme . En perspective, il pouvait d’ailleurs le confondre avec une plate-forme . Il était heureux . Il allait laisser tomber cette aventure lorsqu’il songea qu’il lui fallait encore en trouver le moyen . Il entreprit donc l’étude systématique de son oeuvre . C’est ainsi qu’il découvrit de nouvelles expansions possibles et qu’il continua durant des jours et des jours à construire et à chercher .

Sa technique s’était améliorée . Au lieu de poser seulement un pont complet (quatre arches et une pile) en une heure, il parvenait à en installer un en à peine une demi-heure . Il découvrit, au cours d’un instant de délassement qu’il pouvait, en grimpant sur le pont non encore utilisé, avoir une vue d’ensemble plus importante et prévoir des nouvelles positions sans avoir à débuter un nouveau pont . Il suffisait que quatre piles soient libres dans la même direction et qu’il y est un emplacement libre pour la pile à ajouter dans le pont préfabriqué . En effet, un nouveau pont articulé apparaissait chaque fois qu’il avait terminé la pose de l’un d’eux mais jamais avant . Alors, il ne pouvait plus déplacer ses constructions . Il faisait donc attention . Pour l’instant il y allait de bon coeur . Il avait tellement de possibilités ! Il ne découvrit jamais qu’il pouvait ne pas utiliser la pile qui lui était présentée et s’en servir plus tard quand bon lui semblerait, la garder en réserve en quelque sorte . C’est ainsi que plusieurs fois, cinq piles alignées ne furent jamais équipées de leur pont . Il le regretta, c’est tout . Il dut faire un peu plus de chemin, un petit détour, voilà tout .

Il construisit ainsi un treillis, une immense plate-forme qui donnait un territoire, un espace qu’il considérait comme de plus en plus vital sans comprendre ce sentiment .

Au bout d’un temps assez long, vers son cinquantième pont environ, il commença à avoir des difficultés à en construire de nouveaux . Il passait de plus en plus de temps à chercher de nouvelles expansions . Même s’il se déplaçait de plus en plus vite, même s’il connaissait son oeuvre dans les plus petits détails il finissait par passer de plus en plus de temps à chercher . Construire un pont, lorsqu’il en avait repéré la possibilité lui était un jeu . Il aurait pu le faire maintenant les yeux fermés . Un quart d’heure lui suffisait . Il jubilait et cherchait .

Au-delà de son soixantième pont, il n’en posait qu’un par demi-journée . Le reste du temps, il fouillait systématiquement l’horizon du haut de son pont préfabriqué à installer . Il mit une journée pour trouver l’emplacement du soixante-cinquième . Le soixante-septième lui demanda six jours . Il ne trouva le soixante-huitième qu’au bout de dix jours alors qu’il allait renoncer .

Quinze jours plus tard, épuisé, ne trouvant plus d’expansions, il entreprit une nouvelle visite systématique de son oeuvre, en long, en large, en travers et encore en travers . Les mailles n’étaient pas toujours régulières . Il découvrit des culs-de-sac, des caps ou des presqu’îles d’où il pouvait voir toute son oeuvre . C’est alors que par hasard, il découvrit la possibilité de construction d’un autre pont . Heureux, plein d’espoir, il partit chercher le pont qui lui restait qu’il avait abandonné dieu-sait-où . Il mit plusieurs heures à le retrouver . Il construisit ainsi son soixante-neuvième pont, tout près de ses premières constructions .

Ne découvrant plus rien, il décida de retrouver la pile de laquelle il était parti, cette pile qui l’avait lancé dans cette nouvelle aventure . Il n’oublia pas le dernier pont préfabriqué qu’il trouvait de plus en plus lourd . La fatigue sans doute . . . Il mit peu de temps à retrouver son point de départ au fond d’un pont en impasse ! Il se mit à examiner l’espace vide devant lui, se demandant quand cette aventure allait se terminer . Il ne voyait pas le destin de cette plate-forme qu’il considérait comme sienne . Il était las et maintenant de plus en plus persuadé qu’il ne trouverait plus aucune expansion . Aurait-il perdu ? Il fallait bien que cela arrive un jour . . .

C’est alors qu’il vit surgir de l’infini un vaisseau qui s’arrêta à environ deux arches de la pile . A l’aide de son dernier pont inutilisé, il put atteindre le palier d’entrée de la porte ouverte mais deux gardes lui en barrèrent l’accès . Deux questions lui furent posées .
- Qui êtes-vous ?
- Je m’appelle Morpion et je suis aventurier-bâtisseur . Et vous ?
- Je m’appelle Tair . Lui, c’est Soli . Nous sommes des Egna-gardiens . Comment appelez-vous votre construction ?
- Je ne sais pas moi . . . voyons . . Vous vous appelez Tair, dites-vous ? Alors, Terre, ça vous va ?
- D’accord . Vous pouvez entrer . Sachez que d’autres ont fait mieux que vous, beaucoup mieux que vous . Dans les mêmes conditions de départ, certains ont utilisé plus du double de ponts . Enfin, vous avez réussi mais vous ne vous êtes pas beaucoup trituré l’esprit .
- J’ai fait ce que j’ai pu . . .
- Voulez-vous tenter de continuer votre oeuvre, de la rendre vivante ? Nous vous précisons au préalable que personne n’a encore réussi .
- . . .
- Alors, votre réponse ?


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