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Lorand

Site personnel de Roland Bouat. Pour les curieux : Lorand est un anagramme de Roland.

Pourquoi suis-je donc l’intellectuel de ma famille ?

Mots clés : écrivain

samedi 27 août 2005 , par Roland


Il arrive que la famille colle une étiquette qui peut finir par s’avérer lourde à porter. Dès l’école primaire, j’ai donc été qualifié d’intellectuel.

Lorsque je suis arrivé à l’école à 5 ans, en section enfantine, je comprenais peut-être mieux l’occitan que le français parce que cette langue qualifiée maintenant de régionale était la plus parlée à la maison et que, chez mes-grands-parents, elle était la seule pratiquée.

A la rentrée qui a suivi, en septembre 1959, je suis rentré au CP CP cours préparatoire (1ère année d’école élémentaire) et j’ai appris à lire avec une institutrice qui s’appelait Mme Fontanille. Elle habitait Loubressac. J’ai dû apprendre à lire très vite sans doute mais je ne m’en souviens pas. Il paraît qu’à Noël, je lisais déjà dans les livres. Les lisais-je alors pour de bon ? J’ai un doute mais je ne m’en souviens pas.

L’année suivante, j’étais au CE1 CE1 cours élémentaire 1ère année (2ème année d’école élémentaire) et, sans doute pour ne pas m’ennuyer, j’ai entrepris de lire systématiquement tous les livres de la petite bibliothèque de l’école. Il y en avait une centaine. Je les ai tous lus ! J’étais dans une classe unique : cela veut dire que, dans la classe, il y avait tous les cours de la section enfantine au cours fin d’études, de 5 ans à 14 ans ! Et nous n’étions qu’une vingtaine d’élèves !

C’est-là que se situe un évènement qui m’a collé définitivement l’étiquette d’intello sur le front. Un jour où les élèves de CM1 CM1 cours moyen 1èere année (4ème année d’école élémentaire) et de CM2 CM2 cours moyen 2ème année (5ème année d’école élémentaire) travaillaient sur les fractions, la maîtresse exaspérée par les lenteurs à répondre de ses élèves s’est exclamée "même un petit saurait répondre !" J’ai eu la prétention de dire oui paraît-il ! Que n’avais-je pas dit là ? La maîtresse m’a donc interrogé. Je sais depuis qu’elle ne pensait pas que je connaissais la réponse mais, pour elle, c’était un dérivatif à sa colère. Et, contre toute attente, j’ai répondu ! Je ne sais pas comment je connaissais la bonne réponse mais elle était exacte. Je ne me souviens même pas de la question ni de la réponse que j’ai donnée.

Ce n’est pas la maîtresse qui m’a raconté l’histoire mais ma cousine qui était dans ma classe.

Je suis donc devenu une "grosse tête" pour tout le monde surtout en mathématiques. Je mettrais d’ailleurs très longtemps à m’apercevoir, à savoir, que j’aime beaucoup écrire même si j’ai toujours beaucoup aimé lire (et si j’aime toujours autant ça). Je mettrais aussi du temps à réaliser que l’histoire aussi m’intéresse et que mon domaine préféré n’est pas celui des mathématiques mais celui des sciences : "comprendre".

Devant mon habitude d’écouter les autres cours et surtout face à mes résultats scolaires, je suis passé du CE1 CE1 cours élémentaire 1ère année (2ème année d’école élémentaire) au CM1 CM1 cours moyen 1èere année (4ème année d’école élémentaire) , puis du CM1 CM1 cours moyen 1èere année (4ème année d’école élémentaire) directement au CS (Cours Supérieur) parce que mes parents ont refusé que j’aille au collège à une quinzaine de kilomètres en prenant le car de ligne à 6h du matin avec retour vers 19h le soir. Je suis ensuite passé en CFE1 (Cours de Fin d’études 1ère année), cours précédent celui qui permettait de se présenter au certificat d’étude. Puis, je suis parti au collège en sixième, à l’âge normal. Dès le premer trimestre, j’ai terminé 1er de ma classe, la 6èmeB, celle dont les meilleurs élèves (une quinzaine) était destiné à faire du latin. Et, je suis devenu rebelle : j’ai refusé de suivre les cours de latin !

En 5ème, un jeune professeur de mathématiques s’est lancé dans une innovation (énorme à lépoque) : les "mathématiques modernes". On y parlait d’ensembles, d’union, d’intersections, de propriétés des opérations, de commutativité... et on n’utilisait pas des nombres (quoique, on devait bien puisque on comptait dans des bases autres que la traditionnelle base 10). J’ai adoré.

En 4ème, j’ai pris l’option physique-chimie. En fin d’année, j’ai passé le certificat d’études, sans bachoter. Je me souviens qu’en mathématiques, il fallait calculer le nombre de tuiles sur un toit, qu’en géographie, il fallait décrire les paysages si on traversait les États Unis d’ouest en est... J’ai été reçu... premier ! Cela n’a semblé étonner personne.

Peut-être que ce sont tous ces évènements qui a poussé mes parents à me lancer vers des études plutôt théoriques. Je sais maintenant que c’est à la demande du directeur du collège de l’époque, M. Gard, et du professeur de mathématiques en 4ème et 3ème, M. Creux, qui ont proposé à mes parents de passer le concours d’entrée à l’école normale en fin de classe de 3ème. Ce sont eux qui ont proposé l’École Normale de Blois, bien loin de chez moi. Je suis donc parti passer le concours à Blois en prenant le train pour la première fois. C’était en... mai 1968 ! J’ai été reçu 5ème malgré un anglais plus que déplorable et un accent vraiment très marqué de mon sud-ouest natal.

Je suis donc devenu instituteur, le premier enseignant de la famille mais aussi le premier à avoir le baccalauréat. Cet examen était alors considéré comme le témoin d’une ascension sociale certaine. Il faut dire que mon père avait quitté l’école à 12 ans environ pour aller travailler, que ma mère avait eu le certificat d’études en s’y reprenant à deux fois (mais elle l’a eu et elle était la première de sa famille !).

Je suis à la retraite maintenant et je sais que, si je suis un bon bricoleur, je le dois à ma famille, une famille de manuels pratiquement tous cultivateurs ou éleveurs dans une région aride, sèche et dure.

Faites attention, il se peut qu’on vous colle une étiquette un jour. Peut-être sera-t-elle appropriée mais peut-être pas ? Une seule personne pourra y répondre : vous-même. Mais prenez le temps et laissez donc ceux qui vous aiment vous montrer ainsi qu’ils sont fiers de vous.

Je dois bien reconnaître que je suis un peu "intello" quelque part même si j’aime la pratique sportive et bricoler tout et n’importe quoi. Pendant les trois années qui ont précédé le baccalauréat, j’ai vécu un peu (beaucoup) solitaire. Je lisais beaucoup, environ un livre par semaine et pas mal de revues comme Sciences et Vie, Sciences et Avenir... J’ai découvert durant ces trois années post-baccalauréat, la machine de Turing : l’ordinateur de papier. Et j’ai adoré. Après le baccalauréat, une rencontre fortuite (lors d’une partie d’échec) m’a permis de rencontrer un enseignant de la faculté d’Orléans qui m’a initié à la programmation (via de grandes fiches perforées et des listings papier qui s’allongeaient). En parallèle, j’ai aussi découvert l’électronique. Puis surgit soudainement, ces machines qu’on a très vite appelé des micro-ordinateurs. Et... j’ai continué à cultiver cette étiquette définitive ("intello") en me lançant totalement dans cette voie, en construisant mon premier micro-ordinateur (soudage des composants, flashage de la mémoire...) d’une capacité phénoménale : 1 Ko ! Oui, mille octets ! Moins que n’importe quel appareil "électronique" actuel. J’ai aussi participé activement à l’aventure de l’hebdomadaire "Hebdogiciel" (je me souviens d’un exploit : écrire en basic, un jeu "jouable" en une seule ligne d’écriture, donc maximum 256 caractères).

Et dire que j’ai failli être un "paysan" ! Quelque part, je crois que je regrette un peu ce monde-là (enfin, celui d’autrefois...).


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