1922 : Il est né dans la commune où je naquis quelques dizaines d’années plus tard : CARENNAC dans le Lot. Il est le fils de Isaïe BOUAT et de Aurélie BRU, originaires de CARENNAC et de MIERS (46), une commune voisine.
Il a été d’abord paysan, c’est ainsi qu’il aimait appeler son métier mais pour l’administration il était exploitant agricole.
Il n’a pas toujours exercé ce métier. Je sais maintenant qu’en Allemagne, il occupait un poste de vaguemestre (c’est sa traduction du métier qu’il y exerçait). Je crois avoir compris qu’il conduisait un petit camion et qu’il apportait courriers et courses du côté de Stuttgart.
1940-1945 : Pendant la seconde guerre mondiale, il a été raflé et envoyé au STO en Allemagne. Il y apprendra quelques rudiments d’allemands mais mettra très longtemps à parler de cette période. Et encore, c’est au détour d’une conversation avec mon épouse qui a appris cette langue qu’il a enfin révélé qu’il en connaissait des rudiments. Il me demandera de retrouver un de ses amis, camarade du STO, originaire du nord. Je le retrouverai, mais trop tard : il était décédé l’année précédent ma seule rencontre avec l’épouse. Je pensais ne jamais parvenir à découvrir la moindre information sur ces temps bousculés. Après son décès, ma mère me prêtera sa carte de combattant et sa carte de STO. Peu d’informations mais un début d’approche que j’aurai peut-être un jour l’occasion d’approfondir.
1952-1956 : Il travaillera dans les usines de fabrique de fermetures Eclair [1] à GRAMAT où il parviendra jusqu’au poste de contremaître. Quand cette usine partira du côté de Vichy je crois (à confirmer), il ne suivra pas malgré la proposition qui lui était faite. Il travaillera alors dans une fromagerie à la sortie de GRAMAT sur la route de Figeac. Cette entreprise n’existe plus et le lieu est maintenant occupé par... un rond-point.
1955 : C’est alors que mon frère est né, j’avais deux ans. Nous habitions près de Gramat une petite maison à l’entrée du centre de dressage des chiens policiers (centre qui existe toujours [2]). Les chiens m’ont même cherché un jour paraît-il...!
1956 (l’année du "grand hiver") : une tante sans enfant lui donnait en héritage une petite ferme à condition qu’il aille l’exploiter tout de suite. Nous sommes donc arrivés à Broche [3] dans une maison paysanne sans aucune commodité : pas d’eau à la maison, pas de toilette, une cheminée ouverte pour tout chauffage...
1960 : un grand évènement à la ferme ! C’est l’arrivée du premier tracteur : un MacCormick rouge.
Il n’a plus jamais quitté cette maison. Il y élèvera un troupeau de moutons et exploitera la terre très ingrate du causse de Gramat : il cultivera du tabac, luiq ui ne fumait pas, qui n’a jamais fumé. Ce n’est qu’à sa retraite (il ne touchait que 750 F par mois !) qu’il verra ses efforts un peu récompensés quand mon petit frère a repris la ferme et a réussi ce qu’il avait entamé : transformer la ferme en un lieu vivable pour une famille.
2003 : il est mort à l’hôpital de Brives après avoir fêté ses quatre-vingts ans.