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Site personnel de Roland Bouat. Pour les curieux : Lorand est un anagramme de Roland.

BRU Aurélie 1891-1975 Ma grand-mère paternelle

Mots clés : généalogiste

dimanche 4 mars 2012 , par Roland


En l’honneur de Aurélie Bru, ma grand-mère paternelle. Elle est le sosa n°25 de ma généalogie parce que je tente de construire la généalogie de mes petits enfants.

Aurélie Bru est née le 6 juin 1891 à Millet sur le territoire de la commune de Miers dans le département du Lot. Elle est la première fille de Calixte Bru et de Marie Carrière, tous les deux nés aussi sur le territoire de la commune de Miers. Elle aura une soeur Eugénie et un frère Paul né plutôt tardivement en 1903 à Millet lui aussi.

Elle avait donc 14 ans quand la loi du 9 décembre 1905 décide de la séparation des églises et de l’état français. Je ne sais si elle su ce que cela voulait dire à cette époque mais elle restera toute sa vie une catholique croyante et pratiquante.

Elle avait 23 ans quand la première guerre mondiale éclate et elle ne m’en a jamais parlé !

En 1919, avant son mariage, elle habitait au village du Ratier sur la commune de Loubressac. Ce village a la particularité d’être en partie sur la commune de Padirac. Elle devait se plaire en ce lieu parce qu’elle affirmera plusieurs fois que sa famille est originaire du Ratier alors que ses grands-parents sont tous nés sur la commune de Miers.

Le 23 mai 1919, par un beau jour bien ensoleillé (il ne pouvait pas faire un autre temps quand mes grand-parents se sont mariés), elle épouse Isaïe Bouat à Loubressac, dans cette église qui surplombe magnifiquement toute la vallée de la Dordogne, dominant les Tours de Saint-Laurent, la château de Castelnau et permet même de voir le château de Turenne en Corrèze vers Brive au nord ouest. Isaïe est né aux Fourcilles tout au-dessus du village de Carennac. Ils viendront vivre ici sur ce causse que j’aime tant, dans le village de Magnagues où je naîtrais 34 ans plus tard.

Le 10 mai 1920, née sa première fille : Désirée. Viendront par la suite Jean-Marie en 1921, René mon père en 1922, Louis en 1924, Emile Ferdinand qui décèdera à 4 mois et demi, et enfin Fernand en 1927. S’occupait d’une fille et de 4 garçons a dû lui donner bien du travail en cette époque où les machines n’existaient pas.

Mes grands-parents vivront donc leur deuxième guerre. Ils n’aimaient pas en parler préférant oublier ce qui pour eux constituait un "grand malheur". Un jour j’apprendrais que mon grand-père, habile dresseur de boeufs, conduisit une des paires qui tractèrent les charrettes chargées de matériels après un parachutage très important du côté de la Maresque. Ils étaient donc du côté de la résistance. Peut-être est-ce là qu’ils ont si bien appris à se taire ?

"Mémé" comme je l’appelais et son mari habiteront dans plusieurs maisons de Magnagues depuis le haut du bourg jusqu’à la maison de la ferme du château dont ils ont longtemps été fermiers. Isaïe et elle deviendront propriétaire d’une maison au centre du village, celle où je suis né.

Elle assistera aux mariages de ses enfants : celui Désirée et André en 1948, de Jean-Marie et Lucienene à Saint-Pompom en Dordogne (il était cheminot), puis de Louis et Elise à Miers (Louis qui, suite au décès de sa femme épousera Denise un peu plus tard), de Fernand et Ginette à Aurillac dans le Cantal où il était coiffeur (je découvrirai bien plus tard que ce fut un mariage de "réparation" mais que mon oncle pensait épouser une autre femme), et enfin de René et Simone mes parents, mariage qui dut faire plaisir à cette brave mais maîtresse femme en se mariant à Rocamadour la cité mariale, elle qui tenait tant au respect de la religion.

Elle aimait ses petits enfants et aimait les voir chez elle : Guy et Pierre, Christiane, Danielle, Chantal, Roland, Alain et Jean-Luc. Elle ne sut jamais qu’elle avait une autre petite fille, Claudia en Allemage. Elle leur parlait dans sa langue qu’elle avait appris à appeler patois alors que son occitan était riche, sonore et sonnait bien à mes oreilles d’enfants.

Elle aura le malheur de perdre sa fille des suites d’une "longue maladie" en 1961. En août 1962, elle perdra son mari, mon grand-père.

Elle finira ses jours chez mon père et ma mère à Broche toujours sur le causse, entre carennac et Miers où elle vécut donc toujours. Elle est décédée le 30 mars 1975 alors que je faisais mon service militaire à Châteaudun. Je m’en souviens encore comme je me souviens de cette route longue que j’ai faite dans ma voiture, une Peugeot 404, en ne cessant de penser à elle malgré le froid et la neige rencontrée dans la traversée du Limousin.

Elle repose dans le petit cimetière de Magnagues. En regardant sa tombe, on a toujours l’impression de dominer la vallée de la Dordogne où elle ne s’aventurait guère. Son fils, mon père, est venu la rejoindre il y a déjà 9 ans.

J’aimais beaucoup ma grand-mère et d’elle me reste dans ma tête une image un peu étonnante : je la vois encore peigner ses très très longs cheveux qu’elle attachait en un chignon toujours impeccable. Je la revois aussi assise dans son "cantou" réchauffant ses vieux os aux flammes de la cheminée dans le fauteuil au coussin rouge. Je la vois aussi trottiner dans sa "cuisine" sans faire de bruit, calme et efficace.

Elle vécut donc une vie simple et plutôt tranquille, une vie perturbée par deux guerres mondiales et quelques soubresauts de l’histoire comme la création de la 5ème République sans doute, une vie sans histoire, calme et j’espère sereine.