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Lorand

Site personnel de Roland Bouat. Pour les curieux : Lorand est un anagramme de Roland.

Avalanche

vendredi 13 novembre 1998 , par Roland


Depuis une semaine, nous étions en classe de neige dans les Hautes-Alpes. Dès que nous avons su un petit peu skier, les moniteurs décidèrent de nous emmener faire une randonnée en montagne.

Nous admirions le paysage depuis le sommet où nous avait déposés la télécabine. C’était magnifique ! Devant nous, le village avec notre chalet. Derrière nous, la montagne était toute blanche de neige. Sur une pente, en face de nous, nous pouvions admirer les évolutions de quatre skieurs qui nous paraissaient minuscules.

La veille, il avait neigé presque toute la journée mais, ce jour-là, il faisait très beau. Le vent qui nous faisait frissonner soulevait les flocons de neige qui disparaissaient dans la pente devant nous. Le moniteur de ski qui nous accompagnait nous expliqua que c’était ainsi que se formaient les "plaques à vent". Ce sont des amas de neige rassemblés par le vent. Ces plaques sont très souvent à l’origine des avalanches.

Le moniteur ne cessait pas de regarder les skieurs qui évoluaient à mi-pente en face. Il nous dit qu’ils étaient hors-piste et que, là-haut, sur la crête se formaient très souvent ces terribles plaques à vent. Les skieurs qui semblaient si forts étaient donc en danger !

Brusquement, un bruit de tonnerre retentit dans ce paysage si calme et si tranquille. Nous regardions partout mais nous n’avons d’abord vu qu’un nuage blanc juste au-dessus de la crête en face de nous. C’est alors que nous avons découvert la neige qui dévalait la pente comme une vague. C’était beau mais ça faisait beaucoup de bruit.

Tout à coup, nous avons réalisé que les skieurs étaient dans la trajectoire de la coulée de neige. Ils skiaient toujours et étaient presque arrivés dans le creux du vallon. Ils ne semblaient se douter de rien. L’avalanche les a très vite rattrapés et les a engloutis juste avant de s’arrêter. Tout redevenait calme et tranquille. Nous restions tous silencieux. Nous pensions à l’avalanche des Orres à la fin janvier. Elle avait fait de nombreux morts. Nous avons subitement réalisé ce que nous venions de voir. Certains se sont mis à crier.

Le moniteur qui discutait avec le maître partit brusquement et dévala très vite la pente devant nous. Pourquoi nous laissait-il ? Le maître nous expliqua qu’il était parti donner l’alerte et chercher du secours. En attendant, nous allions descendre prudemment vers l’amas de neige pour voir si nous pouvions faire quelque chose. Nous n’étions guère rassurés mais le chemin enneigé qui zigzaguait dans la pente était facile. Nous ne pensions plus à la difficulté de marcher avec nos raquettes bien que quelques-uns disaient que nous irions sans doute plus vite sans ces drôles de chaussures.

Le maître et les animateurs refusaient toujours que nous posions ces engins. Nous avons demandé des explications au maître à propos du départ du moniteur que nous ne comprenions pas. Il aurait mieux valu que ce soit le maître ou un animateur nous semblait-il. Notre instituteur nous expliqua que le moniteur était un professionnel de la montagne et qu’il savait ce qu’il faisait. Il fallait lui faire confiance. Il avait dit : "C’est une petite avalanche. Il ne devrait pas y avoir de difficultés à récupérer les personnes. Peut-être même vont-ils s’en sortir seuls. Vous pouvez vous approcher avec les enfants et voir ce que vous pouvez faire. Mais surtout, restez sur la pente, au-dessus de l’avalanche. Ne vous approchez que si vous pouvez porter secours sans danger."

Ce n’était donc qu’une petite avalanche ! Ça alors, Qu’est-ce que ça devait être avec une grosse ! Une autre chose nous étonnait : Pourquoi les adultes qui nous accompagnaient et qui étaient d’habitude si prudents nous emmenaient-ils si près de l’avalanche ? N’y avait-il réellement aucun danger ?

Nous sommes arrivés très vite près de l’amas de neige. Lui qui, de loin, nous avait semblé si petit, était constitué d’un mur de neige aussi haut que nous. Et dire que le moniteur pensait que c’était une petite avalanche ! Il avait dû se tromper !

A quelques pas de nous, un homme ou une femme (nous ne savions pas à ce moment-là) se relevait et s’ébrouait pour faire tomber la neige de ses vêtements et de ses cheveux. Apparemment, l’homme que nous pouvions voir maintenant distinctement semblait indemne mais il nous regardait drôlement. On aurait dit un boxeur KO. !

Un animateur nous appela. Un peu plus loin, quelqu’un se débattait . On ne voyait que ses jambes qui s’agitaient en tous sens . Quelques-uns d’entre-nous allèrent l’aider à s’extirper de son trou pendant que d’autres accompagnaient le premier rescapé jusqu’au chemin qui nous avait amenés et qui était, ici, à peu près plat.

Une voix de fille retentit tout à coup . Nous nous sommes retournés et avons découvert une de nos camarades qui tendait son doigt vers l’autre côté de l’avalanche. On pouvait y voir des skis rouges plantés bizarrement dans la neige. L’un d’eux semblait même avoir la spatule cassée.

Un animateur accompagné de quelques élèves, entreprit de contourner le front de l’avalanche afin de voir s’il n’y avait pas une troisième personne ensevelie à cet endroit. Ils aperçurent très vite un bâton de skieur qui bougeait ! Ils se mirent à crier et à creuser la neige malgré les conseils de prudence prodigués par l’animateur . Tout de suite, ils découvrirent une jeune fille qui pleurait . Elle avait mal à la jambe . Peut-être se l’était-elle cassée ? L’animateur qui était aussi un peu secouriste nous dit qu’il fallait la réconforter en lui parlant mais qu’il ne fallait surtout pas l’extraire de la neige . Il fallait la laisser là en attendant les sauveteurs qui ne devraient plus tarder à arriver .

Nous discutions beaucoup . Un garçon, d’habitude très silencieux, fit remarquer que nous n’étions près de l’avalanche que depuis quelques minutes et que nous avions déjà récupéré trois des skieurs. Et tout ça, avant l’arrivée des secouristes. C’est alors qu’une fille s’exclama : "Mais ils étaient quatre ! où est le quatrième ?"

Nous n’eûmes pas le temps de répondre. Un hélicoptère venait de surgir là-haut, dans le ciel, par-dessus la crête. Nous avons eu l’impression qu’il nous tombait dessus tellement il s’est vite approché de nous. En fait, il descendait très rapidement. Le vent épouvantable créé par les pâles qui tournaient nous aveuglait de neige projetée. Nous avons tourné le dos à l’hélicoptère pour nous protéger.

Quand le moteur se remit à vrombir à plein régime au-dessus de nous, nous avons de nouveau regardé. Il ne s’était pas posé ! Il repartait déjà ! Ça alors ! Nous n’osions plus rien dire. Nous ne comprenions pas pourquoi il nous abandonnait aussi vite.

C’est à ce moment qu’une voix sévère nous demanda de regagner le chemin par lequel nous étions arrivés. Trois hommes devant nous s’occupaient déjà de la jeune fille blessée et des deux autres skieurs. Nous n’avions rien vu mais ils avaient dû descendre de l’hélicoptère...

Un peu sur notre droite, un quatrième homme discutait avec notre instituteur. Un gros chien tout noir allait et venait sur l’avalanche, contournant les blocs de neige, reniflant ici et là. Un chien d’avalanche ! C’était un chien d’avalanche en plein travail ! Il semblait jouer quand il se mit à creuser. Le quatrième secouriste se dirigea alors en criant vers son chien . Un homme alla le rejoindre. Du chemin où les deux animateurs et le maître nous avaient amenés, nous les avons vu extraire un jeune garçon guère plus vieux que nous et qui ne bougeait pas. Nous nous demandions s’il était mort . Les sauveteurs l’allongèrent sur le deuxième brancard et l’enveloppèrent d’une grande feuille qui brillait comme du métal.

Le maître nous dit que c’était une couverture de survie. L’hélicoptère revenait et se posait cette fois-ci sur la partie plate, devant l’avalanche, où nous étions tout à l’heure, près de la jeune fille. D’autres secouristes en descendirent avec deux autres brancards. Très vite les quatre skieurs furent embarqués et l’hélicoptère re-décolla. C’était donc déjà terminé !

Un groupe de skieurs à la combinaison rouge arriva brusquement dernière nous. Parmi eux le moniteur qui nous avait quittés tout à l’heure. Un des secouristes descendus tout à l’heure de l’hélicoptère et qui était resté, vint vers nous et nous dit de son air toujours sévère : "Vous avez fait du bon boulot. C’est bien ! " Nous avions sauvé trois personnes et c’est tout ce qu’il avait à nous dire ! Ben ça alors ! Heureusement, qu’un des animateurs, lui, nous traita en héros. D’après lui, nous avions fait beaucoup et nous avions sans doute sauvé les quatre skieurs. Le jeune garçon n’était donc pas mort.

Plusieurs d’entre nous (surtout des garçons) étaient un peu vexés de ne pas avoir été davantage félicités. Mais une surprise nous attendait à la station. Deux hommes dont l’un était équipé d’un superbe appareil photo vinrent vers nous. Ils nous photographièrent et nous posèrent plein de questions sur ce que nous venions de faire. C’étaient des journalistes ! Ils allaient parler de nous dans leur journal ! Nous aurions notre photo ! Chouette alors ! Est-ce que nous serions sur la Une ?

Au chalet, la directrice du centre qui nous accueillait vint nous féliciter. Mais elle termina en disant que maintenant, il fallait aller prendre notre douche. C’était l’heure... Zut ! Même les héros doivent se nettoyer... Quand l’animateur, après la toilette, nous ramena dans notre classe, nous eûmes la surprise de découvrir toute une équipe de télévision qui faisait un reportage sur notre aventure. Le maire de la station de ski était là et fit un discours que nous n’avons pas compris. Tant pis. Quand nous avons été interviewés, nous ne savions plus quoi dire. Tout à l’heure, nous faisions les fanfarons mais maintenant nous étions tous très intimidés par tous ces gens que nous ne connaissions pas. Et puis, nous avions faim... Nous n’avons pu manger ce soir-là qu’avec une heure de retard !

Le lendemain matin, dès que nous sommes sortis, nous avons encore rencontré des journalistes. Ils posaient toujours les mêmes questions. Un inspecteur est venu dans la classe et a fait un discours qui ressemblait à celui de Monsieur le Maire.

Tout compte fait, nous étions bien plus tranquilles quand nous pouvions jouer dans la neige et faire des glissades sans être sans cesse photographiés ! Nous avions voulu être des héros mais maintenant que nous l’étions devenus, nous ne souhaitions qu’une seule chose : qu’on nous laisse en paix. Nous espérions presque que tout cela ne soit qu’un rêve...

Mais, qui sait ? Dans une semaine, un car viendra nous chercher pour nous emmener dans les Hautes-Alpes, en classe de neige !


MOTS DEFINITIONS SYNONYMES
amas tas qui s’est formé petit à petit tas
brancard sorte de lit sans pieds formé d’une toile tendue entre 2 barres et porté par deux personnes civière
chalet maison de bois dans la montagne
contournant évitant en faisant le tour
coulée écoulement écoulement
crête ligne formée par le sommet d’une montagne
dévaler descendre très rapidement descendre
ébrouer (s’-) secouer son corps
engloutir faire disparaître rapidement ensevelir
ensevelir recouvrir complètement engloutir
évoluer faire des mouvements variés
évolution action de faire des mouvements variés
extirper (s’-) sortir avec difficulté s’extraire
extraire faire sortir extirper
frissonner être secoué d’un tremblement avec sensation de froid grelotter, trembler, frémir
hors-piste en dehors des chemins tracés
indemne sans blessure sain et sauf
interviewer poser des questions à quelqu’un
professionnel qui concerne le métier
projeté jeté avec force
randonnée longue promenade excursion
rescapé qui a échappé à une catastrophe
retentir résonner résonner
s’ébrouer voir ébrouer
s’extirper s’extraire voir extraire
spatule avant recourbé du ski
télécabine petite cabine suspendue à un câble téléphérique, télésiège
trajectoire chemin suivi par un objet qui se déplace
vallon petite vallée
vexé fâché parce qu’atteint dans son amour propre blessé, froissé, humilié, mortifié, offensé
vrombir produire un bourdonnement ronfler
zigzaguer aller de travers

Note de l’enseignant

  • La plupart des élèves ne parlent pas le français à la maison : 17 (sur 18) élèves sont soit de nationalité étrangère soit ont une double nationalité (française et ...).
  • Ce travail a été réalisé afin de faire accepter par les familles mais aussi par les élèves le projet de partir en classe de neige.
  • Le glossaire a été réalisé par les élèves à partir des mots découverts lors de ce travail.
 

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