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Lorand

Site personnel de Roland Bouat. Pour les curieux : Lorand est un anagramme de Roland.

Belote

Mots clés : écrivain

jeudi 31 octobre 1996 , par Roland (généanaute)


Il était le dernier nommé. Debout sur l’immense podium, il contemplait la ville. Il jeta un dernier regard et se lança dans sa nouvelle fonction. Il avait été chargé de répartir les immeubles en petits blocs. Quatre pour être précis. Chaque bloc était formé de huit immeubles. Il faut reconnaître qu’il ne s’était guère occupé de se contenait ces immeubles. Il n’avait absolument pas tenu compte ni de ses habitants ni de la taille des immeubles. C’est ainsi que le bloc qu’il s’était attribué comportait deux immeubles habité par des coréens, un par des chinois, deux par des indiens tous plus ou moins originaires d’Amérique, un seul immeuble de noirs, deux immeubles d’européens et un d’américains du nord.

Lorsqu’il visita le quartier dont il était responsable, il découvrit qu’il n’avait que deux immeubles réellement habités dont l’un par une famille d’origine Ute particulièrement riche et très influente dans sa communauté. Deux de ses immeubles contenaient dix familles chacun, des blanches et des rouges. Dans son quartier les indiens se trouvaient ainsi majoritaires. Un des bâtiment hébergeait huit familles de coréens immigrés. Un bâtiment, impressionnant par sa couleur étonnante, le noir, s’avéra être le lieu de rencontre et de direction du peuple blanc de toute la ville. Une école se trouvait dans sa zone : l’école orientale. Face à face, dans une avenue, deux rangées de magasins, de commerces et d’ateliers d’artisans.

Il était étonnant de constater que les races ne se mélangeaient pas dans les immeubles de cette ville. Pourtant aucun racisme ne s’était manifesté depuis sa création. Aucune émeute raciale n’avait secoué la vie paisible de Belote. Aucun conflit ethnique. Aucune guéguerre tribale. D’un côté de la rue se trouvait les commerces des noirs et de l’autre ceux des blancs. C’était pratiquement les mêmes devantures. Dans les deux hôtels, un de chaque côté mais chacun à une extrémité opposées de leur complexe commercial respectif, allaient et venaient tout un peuple cosmopolite habitué depuis toujours à côtoyer des personnes de races différentes. N’étaient-elles pas toutes de Belote ?

Il envisagea de transformer l’école coréenne en université : l’université de la ville ! Mais il ne ferait sans doute pas le poids : les six familles immigrées ne lui étant que d’un maigre secours. Il savait qu’il pourrait compter sur les familles Utes et surtout sur la puissante famille Okla. Il préféra laisser faire. Il espérait beaucoup que ce serait les blancs qui aurait le pouvoir. Il en tirerait au moins une petite compensation financière. Il sentait, il ne savait trop pourquoi que cette année n’était pas de celle où l’on parle de vous, où l’on vous admire ou craint. Il cherchait désespérément comment faire comprendre à son amie Nomie qu’il avait un gain possible du côté du peuple blanc. Mais Nomie devait être plongée dans l’étude de combinaison plus ou moins farfelues comme à l’accoutumée. De formation scientifique, elle excellait dans les statistiques et les calculs de probabilités n’avaient guère de secrets pour elle. Elle n’en était pas meilleure chef de quartier pour cela.

Les dés étaient maintenant jetés de toutes façons. Liser, son camarade de classe de toujours, était aujourd’hui encore un de ses deux opposants. Il était dit qu’ils passeraient toute leur vie à se disputer les places d’honneur. Il admettait pour lui-même, que Liser était tout de même plus fort que lui. Mais jamais il ne l’aurait admis devant quelqu’un, fut-ce Lomie qui le comprenait si bien. Le quatrième chef lui était inconnu et il ne savait guère comment il se comporterait dans les confrontations.. Pourvu qu’il soit honnête...

Les rencontres politiques, souvent de vraies confrontations, étaient appelées des parties parce que le mandat d’un maire durait seulement une année. Mais il pouvait se faire réélire autant de fois qu’il le pouvait. Il était quand même rare qu’un maire dirige plus de deux ou trois parties consécutives. Toutes les règles de fonctionnement avaient été mises en place pour cela. Et cela marchait plutôt bien depuis très longtemps. Les confrontations se tenaient donc dans l’ancien hôtel de ville devenu maintenant le siège des gouvernants de quartier. Chacun y avait ses bureaux dans une aile allant vers sa zone. Au centre du bâtiment, on trouve la salle de réunions appelées salle des confrontations. C’était en fait une salle de conférence pour pouvoir accueillir les auditeurs qui n’avaient aucun droit à la parole. Au centre, trônait la table des chefs : la corbeille. Ce bâtiment était au centre de la ville, Les chefs ne le quittaient guère. Ils devaient gérer leurs quartiers tout en faisant prospérer la ville. Ils réalisaient avec les autres chefs des échanges subtils ou l’art du diplomate faisait merveille mais ne suffisait que rarement. Au cours des années précédentes, Tron était parfois tombé sur des quartiers exceptionnels, des quartiers où toutes les intelligences d’une ville semblaient réunies. Sans se fatiguer, il lui avait été facile de ramasser un maximum de gains. Il se rappelait ce jour où, avec l’oncle de Lomie, ils n’avaient rien laissé à deux chefs qui passaient pour les meilleurs. Ils avaient acquis cette année-là, un titre qu’ils leur fallait maintenant défendre. Ils en avaient aussi obtenu l’assurance de ne pas avoir d’années chômées. Maintenant Lomie remplaçait son oncle mais elle avait été à bonne école et assumait sans rechigner sa part de responsabilités.

Il restait tout de même le risque de ne rien gagner. Le salaire d’un chef n’était en effet, que le résultat comptable de l’exercice de l’année. Encore heureux qu’ils n’aient jamais rien à débourser. Le système de gouvernement adopté ne favorisait aucune ville, aucun quartier. Tous les chefs savaient qu’ils pouvaient gagner au maximum cent soixante-deux billets de mille quetzals. Quelquefois des primes étaient offertes suivant les quartiers. Rarement, on pouvait toucher l’allocation exceptionnelle de deux cent cinquante billets. Encore fallait-il que toutes ces allocations soient partager entre deux chefs. Toujours. Tron ne comptait plus que sur quarante billets annuels en moyenne. Depuis son dernier coup d’éclat récent avec Lomie (il avait raflé l’allocation de deux cent cinquante billets auxquels ils avaient pu ajouter une allocation exceptionnelle de 100 billets comme prime de quartier), il lui restait une petite avance qui lui permettait de voir venir. Il préférait tout de même ne pas y toucher. On a déjà vu des revers ou des retournements de situation assez brusques.


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