Généalogie des MaLiBeLe
Les ancêtres ont fait ce que nous sommes. Mieux les connaître, c'est donc mieux nous connaître.
La citation du jour
Sourire, c'est oublier la grimace.  (Gunnar Bjrling )
La réflexion du jour
L'oubli est toujours sélectif. Même s'il apparaît quelquefois handicapant, il n'est que le reflet de ce que nous sommes à moins que la maladie n'efface définitivement nos traces de notre passé comme le temps efface les traces laissées par nos ancêtres.
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Lorand

Site personnel de Roland Bouat. Pour les curieux : Lorand est un anagramme de Roland.

De la vigne au Vin

Par tradition la ferme familiale avait une vigne. La première était au-dessous du village de Magnagues, vers les ruines du château de Taillefer. A flanc de coteau, elle était plutôt exposée au nord. Nous y récoltions des grappes noires (dans mon souvenir). Mon père en faisait une "piquette" que nous appelions vin. Très tôt, nous avons eu le droit d’en boire un fond de verre mais nous préférions faire chabrol : boire un peu de vin dans l’assiette qui nous avait permis de manger la tout aussi traditionnelle soupe de pain.

J’ai aidé mon père a planté la nouvelle vigne, beaucoup plus proche, sur une terre exposée au sud-ouest, au Four-de-Bié, sur la route de Magnagues. J’ai planté les sarments, entretenu le sol, taillé les longues branches, récolté le raisin(vendanger), pressé les grappes, surveillé la fermentation, extrait le vin, stocké le vin dans des barriques... et même bu cette "piquette" (il faut bien l’appeler par son nom...) !

Les vendanges

La vigne était petite (moins d’un hectare) mais amoureusement entretenue, tradition familiale oblige. La récolte des grappes pour en faire une boisson fermentée (les vendanges pour faire le vin) était une fête, prétexte à réunir une partie de la famille, celle, un peu nostalgique, qui avait quitté le travail de la terre essentiellement.

Nous remplissions des paniers accroupis entre les rangs puis les transvasions dans des comportes à travers un pressoir manuel. Les comportes étaient de grands récipients en bois (même construction que les tonneaux) avec deux poignées pour les soulever. Nous n’utilisions pas de hotte. La charrette puis la remorque emmenait ainsi les grappes jusqu’à la cuve installée dans la cave, sous la maison. Les comportes étaient à leur tour vidées par la trappe dans le plancher de la maison (chez nous, la trappe était installée dans la salle à manger, là où était installé mon lit !).

Le vin

Mon père (et avant lui mon grand-père) faisait ainsi un petit vin sans prétention. De nos jours, nous le baptiserions "piquette" parce qu’il arrivait fréquemment qu’il est un petit goût aigrelet. A partir de 12 ans environ, nous avions le droit d’en boire un demi-verre complété par de l’eau. Mais... "une étude alarmiste commandée par le ministère de l’Éducation Nationale selon laquelle « la boisson la plus répandue au repas de midi dans l’ensemble de la France est, pour les écoliers, le vin étendu d’eau (54% des écoliers), alors que ceux qui boivent habituellement de l’eau pure ne représentent que 15% de l’ensemble ». [...] « moins de 2% » des écoliers consomment alors du « vin pur » lors de leurs repas." (cité dans Du pinard dans les cartables. A propos d’une étude alarmante publiée en 1958 [1] par Yves-Marie Evanno)

Les barriques étaient lourdes à mettre en place mais mon père m’a enseigné une technique qui permet de soulever de lourdes charges de quelques dizaines de centimètres : il faut être deux, se mettre face à face, appuyer les fronts l’un contre l’autre, s’emparer du tonneau et tirer vers soi en dépliant les genoux... Nous parvenions ainsi à soulever les deux cents kilogrammes du tonneau sous lequel mes frères disposaient des barres de bois préalablement préparées.

Veillées

De ma petite enfance, j’ai le souvenir de la père de bœufs qui nous servaient d’animaux de traits mais aussi des sorties d’hiver que nous faisions chez nos voisins. En particulier, je me souviens de nos déplacements sur les chemins du causse jusque chez mon oncle à Lacatarou à quelques kilomètres. Je me souviens de la charrette tractée par les puissants animaux. Je me souviens de la nuit qui nous enveloppait et ne m’effrayait nullement. Je me souviens des bruits des animaux fuyant nos bruits parce qu’ils leur étaient inconnus.

Étrangement, je ne me souviens pas des temps passés à jouer aux cartes, à discuter en refaisant probablement le monde, à échanger sur l’avenir et la politique sans doute.

Vélo

Le cyclotouriste passionné que je suis devenu devrait pouvoir justifier d’un très long passé de cycliste et, à tout le moins, justifier d’une enfance dans laquelle le vélo aurait eu une énorme importance. Ce ne fut pas du tout le cas. J’étais adulte, et même père, quand j’ai acquis mon premier vélo. J’ai pourtant appris à faire du vélo très tôt mais je n’en ai aucun souvenir. La première bicyclette dont je me souvienne fut offerte à mon frère de deux ans mon cadet : elle était bleue et avait un guidon "de course". Je la lui ai empruntée quelquefois...

Je me souviens parfaitement de ma première vraie chute ! Je suis allé à Magnagues, le village voisin. Dès l’entrée dans le bourg en descente, j’ai voulu tourner à droite, ce que je ne faisais jamais, sans trop ralentir pour ne pas perdre mon élan. Sans doute pour me montrer à vélo puisque cela me faisait passer au cœur du village. Mais... une insidieuse pierre disposée à droite dans ce carrefour m’a fait faire mon premier dérapage, incontrôlé bien sûr, et m’a envoyé râpé un peu le sol de la route avec ma cuisse droite qui est devenue douloureuse. Je me rappelle être rentré à la maison à vélo (donc ce n’était pas trop grave) avec une cuisse plutôt brûlante mais je ne sais pas si cela m’a servi de leçon !

J’ai un autre souvenir mais beaucoup plus glorieux celui-là (tout reste relatif). C’était au début de l’été et mon père avait un besoin impératif et urgent d’une pièce pour réparer le tracteur ou une machine de la ferme. Il m’a envoyé à vélo au garage alors situé à l’entrée de Carennac récupérer cette pièce le plus vite possible. Pour aller, je n’ai pas perdu de temps parce qu’après le premier kilomètre tout plat, cela descend très fort jusqu’au chef lieu de la commune pendant deux autres kilomètres. Pour revenir, la pente étant nécessairement inversée, j’avais un énorme effort à fournir : d’après mon père, je n’ai jamais monté cette côte aussi vite. "Digne d’un grand champion !" a-t-il précisé. Je ne sais pas le temps que j’ai mis, je ne sais pas si c’était une vraie performance mais j’étais très fier. Si je me souviens du compliment de mon père, c’était sans doute parce qu’il en était très avare.


[1J’allais à l’école à ce moment-là !


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