Généalogie des MaLiBeLe
Les ancêtres ont fait ce que nous sommes. Mieux les connaître, c'est donc mieux nous connaître.
La citation du jour
La force des gouvernements est en raison inverse du poids des impôts.  (E. de Girardin )
La réflexion du jour
Le départ de la douleur soulage mais permet surtout de mieux apprécier le quotidien à une valeur beaucoup plus proche de la réalité.
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bénévole - geek - cycliste (cyclotouriste) - généalogiste - photographe - collectionneur - écrivain - enseignant - Diverses informations
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Lorand

Site personnel de Roland Bouat. Pour les curieux : Lorand est un anagramme de Roland.

Tabac

Mon père cultivait du tabac probablement à partir des années soixante. C’était très règlementé : par exemple, on comptait la superficie en nombre de pieds. Au début nous avions l’autorisation de planter dix mille pieds et lorsqu’il a arrêté, nous en plantions trente mille !
Tout commençait par le semis dans le jardin dans des plate-bandes très... plates. Les très petites graines étaient mélangées à du sable fin pour une répartition plus homogène. Le semis était protégé par un tunnel de plastique.
Les pieds étaient plantés à la machine mais le tracteur allait très doucement pour permettre aux deux officiants de ne pas abîmer les fragiles plants.
Pendant la croissance, il fallait revoir plusieurs fois chaque pied un par un pour en limiter le nombre de feuilles (onze ou treize me semble-t-il me souvenir), puis pour bloquer l’apparition des bourgeons en versant une goutte d’huile de vidange sur le bourgeon sans en mettre sur la feuille au risque de la rendre inutilisable (de la brûler dissions-nous).
Pour la récolte, nous utilisions une cisaille qui faisait en même temps l’encoche dans la tige, encoche qui servirait à suspendre le précieux pied sur les nombreux fils de fer installés sous les toits dans presque tous les bâtiments de la ferme. On ne laissait pas tomber le pied : on le déposait précautionneusement au sol avant de le transporter tout aussi délicatement sur la remorque pour la mise en séchage. Durant les dernières années, un séchoir à tabac a été construit : il permettait de suspendre plusieurs pieds sur la ficelle d’accrochage.
Lorsque les feuilles étaient sèches, il fallait séparer les feuilles : celles du haut (trois ou quatre, celles du bas (toujours trois) et celles du milieu parce qu’elles ne donnaient pas la même qualité. Puis, un autre tri, selon la longueur des feuilles avant de faire les manoques lors de longues veillées après l’école : dans le creux de la main entre le pouce et l’index, nous empilions délicatement exactement vingt-quatre feuilles puis nous enroulions la pile ainsi formée pour finir par l’attacher avec une vingt-cinquième feuille. Nos doigts se recouvraient d’une couche extrêmement collante, noire de crasse agglutinée, dépôt qui ne s’enlevait qu’avec le temps. Après le brou des noix, c’était l’un des motifs d’interminables discussions avec les maîtresses d’école qui pensaient que nous avions les mains crasseuses (c’était vrai mais ce n’était pas "nettoyable" en se lavant simplement les mains).
Tout se terminait par la livraison des balles de manoques : un plaisir parce que le travail était terminé et parce que nos parents allaient recevoir la récompense de leurs efforts : les prix étaient en effet garantis. Je me souviens toutefois du contrôle, un peu empirique, de la qualité. Pour cela, n faisait une petite fente dans une feuille, on passait au-dessous la flamme d’un briquet et on regardait la durée de la braise et sa propagation.

Toilette

Il n’y avait pas de cabinet de toilettes à la maison. Nous faisions notre toilette dans ce que nous appelions en français "l’évier" mais que nous appelions de son nom ccitant "l’androlièra" : c’était une petite salle exigüe, tout en pierres dans laquelle une grande pierre taillée permettait aux eaux usées de s’évacuer vers l’extérieur. C’était un peu mieux qu’une toilette de chat mais c’était bien loin de la douche actuelle (ne parlons même pas du bain). Nous ne faisons de grandes toilettes que l’été lorsque nous pouvions installer la bassine à chauffer au soleil et surtout, parce qu’il ne faisait pas froid !

Tracteur

J’ai vu arriver à la ferme, le premier tracteur en 1960. C’était un McCormick rouge. J’admirais beaucoup la mention "international" sur le capot. Il ne démarrait pas toujours facilement et, par grands froids, il fallait le réchauffer avec un brasero sous le moteur ! Les puissants bœufs ont aussitôt disparus et le joug a été remisé dans la grange à foin. J’aimais beaucoup quand mon père m’emmenait avec lui : j’étais à côté de lui, sur sa gauche, appuyé au pare-boue (ce n’était pas du tout sécuritaire !).

Tue-cochon

La grande fête de la ferme, c’était le jour où on tuait le cochon. Le "tueur de cochons" officiait, aidé par quelques hommes pour le temps de la mise à mort. Ma mère récupérait le sang pour faire les boudins puis l’homme brûlait les soies et lavait la peau avant de suspendre l’animal mort le long d’une échelle pour le débarrasser des viscères (au début, nous les récupérions et les lavions soigneusement pour faire les boudins et les saucisses). Le découpage adapté aux techniques de conservation suivait : nous faisions alors de nombreux aller et retour entre la table de découpage et la salle où tous les morceaux étaient étalés sur les tables recouvertes de draps blancs.
Et nous faisions la fête en mangeant un peu plus souvent de la viande pendant deux ou trois jours, le temps de préparer le boudin, les longueurs de saucisses, le jambon et toutes les mises en conserve (en bocaux ou sous la graisse qu’il avait fallu faire fondre patiemment).


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