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Lorand

Site personnel de Roland Bouat. Pour les curieux : Lorand est un anagramme de Roland.

L’actualité rebondit récemment sur le thème du droit à l’oubli numérique. C’est pourtant un débat qui a démarré depuis quelques années. En France, depuis 2010 existe une charte du droit à l’oubli numérique (voir l’article sur Wikipedia : “Chartes du droit à l’oubli numérique†.

Google vient discrètement de proposer au tout début de juin d’accéder à ce droit à l’oublie. Si j’en crois le monde du 4 juin (Comment marche le formulaire « droit à l’oubli » de Google ?), en deux jours, c’est plus de quarante mille demandes qui ont été envoyées. Il est raisonnable de penser quà la fin de l’année, ce devrait être plus d’un million de demandes qui vont arriver. Pour s’insrire dans ce fumeux droit à l’oubli, Google met à la disposition un formulaire de demande : “Demande de suppression de résultat de recherche au titre de la législation européenne relative à la protection des données†.

En fait, si on lit bien entre les lignes, Google s’engage à effacer le lien vers l’information pas l’information qui, bien souvent, ne lui appartient pas. Olivier Andrieu, éditeur du site spécialisé Abondance, précise avec justesse : “Les moteurs peuvent oublier, mais le web n’oubliera pas.†Ce n’est donc pas un vrai droit à l’oubli sur la toile mais de ne plus retenir les liens vers certaines informations. Le contenu restera mais sera seulement plus difficile à trouver avec le moteur de recherche Google. C’est tout.

Le droit à l’oubli est donc toujours un sujet qui a encore de beaux jours sans fondements avant de devenir une réalité un tant soit peu approchable. Il reste que le succès du formulaire (de nombreuses demandes que Google aura sans doute bien du mal à traiter) montre que de nombreux internautes regrettent certaines de leurs publications faites sans doute, sans trop réfléchir, sans se poser des questions, en se contentant de profiter du moment présent sans envisager les conséquences des actes de publication.

Ce soudain intérêt pour le droit à l’oubli est la difficulté pour beaucoup d’internautes de percevoir les effets, les enjeux et surtout les conséquences de messages qui deviennent tout de suite virtuels en disparaissant dans les fils de la toile d’araignée mondiale (world wide web). S’il reste toujours de l’écrit, l’écrit Internet est trop vite déconnecté de son auteur qui en est comme dépossédé et ne s’en rend compte souvent bien trop tard. L’écrit papier avec sa nécessité d’être transmis physiquement laissait un temps de réflexion propice à la rétractation. Car là est le problème : écrire sur Internet, c’est écrire dans un monde virtuel incontrôlé et surtout incontrôlable. Et ce n’est pas un simple formulaire, qu’il soit physique ou virtuel, qui remédiera au problème.

Alors, continuons de réfléchir avant d’écrire et surtout d’envoyer. Un petit espoir, le langage sms et l’absence d’orthographe semble de nouveau régresser : peut-être bien que l’engouement pour le formulaire Google du droit à l’oubli comme le besoin d’être compris quand on écrit témoigne enfin d’une prise de conscience par la société des risques inhérents à l’absence d’autocontrôle. je crains toutefois que tout reste encre à faire et en particulier en matière d’éducation citoyenne.

Quel rapport avec la généalogie ?

Le débat est en cours et beaucoup s’inquiète de conséquences de ce droit à l’oubli. Si c’était le contenu qui était effacé, évidemment cela poserait problème comme l’ont soulevé plusieurs articles.

Guillaume de Morant craint par exemple : “Au nom du droit à l’oubli (numérique ou non), il est également possible d’aller beaucoup trop loin et par exemple de menacer des droits futurs, à commencer par celui de connaître son histoire ou celle de sa famille.†[voir Droit à l’oubli numérique : la jurisprudence Google comme frein à la généalogie ? ]

Quant à la FFG (Fédération Française de Généalogie, par la voix de Jean-François Pellan déclare : “Non à l’amnésie générale ! Le droit à l’oubli numérique est un principe qui nous paraît liberticide†et évoque une « atteinte à la mémoire » aux « conséquences douloureuses pour les historiens qui se pencheront sur l’histoire du XXIème siècle » [voir http://www.rfgenealogie.com/s-infor... ]

Lucile Sourdés du Nouvel Observateur tente une synthèse des “contre†, des “pas tout à fait contre†et “presque pour†en comparant surtout la prise de position de la FFG et de SavoirsCom1. [voir : « Droit à l’oubli » sur Internet : la fin de la généalogie et des archives ?]

Tel que j’ai écrit la première partie de ce texte, certains vont peut-être penser que je ne suis pas du tout d’accord avec la FFG. Pourtant, j’ai signé la pétition de l’AAF (Association des Archivistes Français).

En effet, je comprends le droit à l’oubli pour les traces qui ne correspondent plus à la réalité. En effet, nous avons le droit de changer d’opinion voire de comportement. Cela relève de la liberté personnelle.

Mais avons-nous le droit d’effacer les informations qui justifient (ou expliquent à tout le moins) ce que nous sommes maintenant, ce qu’est la société aujourd’hui. Davantage que le droit à l’oubli, c’est le droit à la réalité, le droit à la vérité que nous devons exiger. Retenir une trace en contradiction avec ce qu’est devenu maintenant son propriétaire ou son auteur ne prouve qu’un manque de rigueur scientifique et/ou historique. Il est vrai que la facilité des découvertes de ces éléments de notre propre passé simplifie la vie de ceux qui les trouvent mais qui sont, malheureusement, les mêmes que ceux qui se contentent des premiers éléments trouvés sans approfondir, sans comparer, sans faire preuve d’un minimum d’honnêteté intellectuelle.

Le débat ne fait sans doute que commencer et écrire ce billet me permet à la fois de faire le point sur ce que j’en pense mais aussi de me rendre compte que ce sujet est complexe et présente des facettes très différentes les unes des autres.

En généalogie, tous les chercheurs un peu sérieux mettent l’accent sur les recoupements : il devrait en être de même sur les informations recueillies sur la toile. Certains et non des moindre, se sont fait ainsi piéger par le site Gorafi qui, pourtant, affiche clairement la couleur. Alors, restons méfiants, prudents, circonspects et relativisons tout de suite tout ce que nous trouvons sur le web.